Rezé Citoyenne en dialogue sur la formation en travail social

Entretien avec Christophe Verron, directeur général de l’ARIFTS (Association Régionale pour l’institut de formation en travail social), implanté à Rezé depuis 2009. Il y fût tour à tour étudiant, formateur, puis directeur depuis 2019.

La formation en travail social a un ancrage territorial fort à Rezé. L’arifts est issu de la fusion de trois associations : l’école d’éducateurs spécialisés (IFRAMES, longtemps basé à la Classerie), l’école d’éducateurs de jeunes enfants (CFEJE, installé auparavant quartier Saint Jacques), et l’école d’assistants de service social (ENSO, Rezé). L’arifts accueille chaque année plus de 8000 personnes en formation initiale ou formation continue, répartis sur les deux sites d’Angers et de Rezé. Sur les 138 salariés de l’ARIFTS, 85 travaillent sur le site de Rezé.

Pour une école comme l’Arifts, quelle est l’importance de l’ancrage territorial ?

Il existe plusieurs raisons qui nous invitent à développer l’inscription sur le territoire de notre institut de formation.

Tout d’abord, l’objet même de nos formations : que ce soit en formation initiale ou en formation continue, les liens sont très étroits avec le secteur professionnel, avec les différents acteurs du travail social. Nous travaillons avec de nombreux organismes existants sur la région. La ville de Rezé est elle-même employeur de travailleurs sociaux. Nous pourrions imaginer une formalisation des liens, inscrire la question de l’emploi local au centre de nos préoccupations communes.

Ensuite vient la question du logement des étudiants. Tous les ans, environ 850 étudiants de l’Arifts cherchent à se loger à Rezé ou à proximité. Nous accueillons tous niveaux de formation, du CAP au bac+3, qui s’installent pour plusieurs années sur le territoire. Nous pourrions travailler avec la ville sur des projets d’habitat partagé, intergénérationnel, ou poursuivre la réflexion engagée pour instaurer plus de mixité sociale en intégrant des logements étudiants dans des quartiers sensibles, comme le Château de Rezé, qui se situe non loin de notre établissement. Nos étudiants, comme les habitants de Rezé, pourraient s’y retrouver.

Il nous faut aussi composer avec l’environnement proche de l’école. En effet, nous sommes installés en proximité de la cité radieuse, et de nouvelles constructions autour de la rue Marion Cahour. Même si le choix politique initial était de favoriser les déplacements en transport en commun, il ne reste pas moins qu’il existe des problèmes de parking, et qu’il faut prendre soin de l’entourage, apprendre ensemble à réguler nos liens…

Plus spécifiquement, des liens pourraient-ils se créer avec des associations, des structures municipales rezéennes ?

Certains partenariats ont déjà eu lieu. Nous avons travaillé avec le CSC Loire et Seil qui nous avait sollicité dans le cadre d’un travail avec des personnes sans domicile fixe. Nous avions accueilli une exposition et des conférences dans le hall de l’Arifts. Nos étudiants avaient pu échanger avec les intervenants, le lien s’était fait. Nous sommes preneurs de ce genre d’initiative ! Bien sûr, nous sommes sollicités par des structures d’intervention sociale pour co-organiser des journées d’étude, mais nous pourrions élargir les projets de co-organisation à des sujets moins spécialisés, mais tout aussi riche pour nos étudiants. Nous manquons de visibilité et de maillage avec les structures rezéennes. Nous sommes peu sollicités par l’extérieur. Nous travaillons par exemple avec une association rezéenne spécialisée dans le théâtre d’insertion, la compagnie « Les Alizés », qui occupe régulièrement nos locaux. Dès lors que les actions proposées sont en adéquation avec nos valeurs, nous pourrions co-construire avec les acteurs du territoire.

En quoi votre ancrage rezéen peut il être ressource pour la ville ?

Le dynamisme impulsé par la présence de près d’un millier d’étudiants de l’Arifts qui vivent à Rezé doit se renforcer. Nous avons déjà accueilli des représentants de la Soufflerie, venus présenter leur programmation aux étudiants. Cette jeunesse est une richesse pour un territoire !

Mais au-delà de la vie quotidienne, les étudiants peuvent être sollicités pour des études de terrain (dans le cadre de leurs études). Nous souhaitons multiplier les conventions de partenariat, par exemple, avec les structures de la petite enfance pour les étudiants en formation d’éducateurs de jeunes enfants…

En tant que « pôle ressource, de recherche, d’innovation et de développement », nous sommes aussi sollicités par les structures du territoire, et pas seulement dans le travail social, pour de l’analyse des pratiques professionnelles, ou pour intervenir directement pour les accompagner dans l’acquisition de nouvelles compétences liées à l’évolution des publics et des enjeux sociaux.

Nous aurions beaucoup à gagner à être mieux identifier comme espace ressource ! La ville peut être levier pour nous donner plus de visibilité, et pourrait permettre une mutualisation des échanges. Une organisation comme la nôtre a tout à gagner à travailler en lien avec le territoire. Le dynamisme et le vivier de compétences générées par la présence de structures comme celle-ci peuvent aussi servir la ville.