Rezé Citoyenne dialogue avec la jeunesse

Sarah et Antoine sont de jeunes rezéens. Ils portent leur regard sur les forces et les faiblesses de notre ville. L'une est rezéenne depuis toujours, l'autre est un nouvel arrivant. 6 colistiers de Rezé Citoyenne leur répondent.

Sarah : “J’ai fait toute ma scolarité à Rezé … Les jeunes ont la capacité d’agir pour notre ville, il faut leur laisser la parole et les laisser s’exprimer”

Agnès – Notre projet éducatif

Les agendas 21 se sont souvent orientés vers l’écologie, l’action sociale, l’économie sociale et solidaire mais peu sur l’éducation. L’agenda 2030, par contre, pose le principe suivant : “Veiller à ce que tous puissent suivre une éducation de qualité dans des conditions d’équité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie”. C’est tout à fait le sens que nous mettons à notre action dans l’axe 3 du programme. Le service public de l’éducation est d’abord et avant tout un service public d’État, conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants. Il contribue à l’égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Mais la ville a son rôle à jouer ! Tout d’abord parce que la loi nous pose comme un acteur incontournable de l’enseignement primaire (élémentaire et maternelle). En ce sens nous serons vigilants à garantir l’accès à tous et toutes à une éducation équitable, gratuite et de qualité. Il s’agit également de veiller à l’adaptation et à l’amélioration de nos infrastructures éducatives.

En complément des apprentissages fondamentaux et des enseignement disciplinaires, l’éducation à la citoyenneté est indispensable pour une meilleure compréhension des relations entre les questions environnementales, économiques, socioculturelles mais aussi la compréhension du fonctionnement et du rôle des institutions. Nous pouvons contribuer, par exemple, avec la communauté éducative, à aider les élèves à mieux comprendre les enjeux liés à l’interdépendance des sociétés humaines, à la nécessité de faire des choix informés et responsables et d’adopter des comportements adaptés. Les valeurs de solidarité sont fondamentales pour vivre dans une société durable…

Nous souhaitons réactiver et élargir le Projet Éducatif de Territoire. L’éducation et la formation sont des activités essentielles, prises en charge par de très nombreux acteurs au-delà de l’État et des collectivités territoriales. Les mouvements d’éducation populaire, les enseignants, les familles, les formateurs et les animateurs, les élus et agents des collectivités locales, ont tous un rôle à jouer dans une animation collective et transversale pour que le droit à l’éducation et à la formation profite réellement à tous, et tout au long de la vie. Nous souhaitons également travailler avec le réseau des acteurs économiques de notre territoire pour favoriser des partenariats et faciliter l’égalité des chances, notamment dans la construction du parcours professionnel et l’accès aux terrains de stage, ou encore à l’enseignement supérieur des élèves et étudiants en situation de handicap. Les entreprises accueillantes contribuent à l’égalité des chances et l’inclusion sociale, en s’appuyant sur l’immersion en milieu professionnel. De même, les clubs et associations sportifs, culturels… ont une place importante dans ce domaine, leur rôle éducatif est précieux.

 

Sarah : “Nous pourrions tous devenir acteurs de notre ville … Et pas seulement spectateurs ”

Anas – De l’importance du soutien au secteur associatif

Les associations sont des acteurs majeurs pour un territoire, et surtout pour un territoire comme Rezé qui compte plus de 400 associations et représente toutes les pratiques : sportives, culturelles, de loisir … Mais aussi à caractère social, humaniste, caritatif et solidaire.

Nous envisageons les associations comme des acteurs à part entière de la démocratie. Elles doivent, en tant que telles, contribuer à la réflexion, voire aux décisions. Elles détiennent, par leur connaissance de certains milieux, une expertise d’usage complémentaire de celles du citoyen. Les politiques publiques doivent intégrer le secteur associatif…

Notre projet apporte un nouveau souffle, un renouveau citoyen. Nous avons besoin de la participation active des associations de notre territoire pour le réaliser. Cette intégration, nous en sommes persuadés, est porteuse d’innovations sociales et environnementales. Le secteur associatif est sensible aux enjeux du développement durable.

Nous portons à Rezé Citoyenne un projet en faveur de l’insertion de tous, de l’utilisation rationnelle des ressources, de l’adaptation aux effets des changements climatiques. Nous souhaitons contractualiser avec les associations pour qu’elles s’engagent auprès de nous dans ces démarches par leur travail de terrain, leurs compétences acquises par l’expérience et la nature de leurs projets. Nous mettrons toutes les mesures nécessaires en place pour leur permettre de mener à bien leur projet, notamment avec la création d’une maison des associations, par la mise à disposition de moyens logistiques associés, et la création d’un office municipal des associations indépendant.

 

Antoine : “À Rezé, on est dans un environnement plutôt minérale, pourtant il existe des jardins…”

Fabienne – Faire de Rezé une ville nature

4 français sur 5 vivent aujourd’hui en ville : le besoin de nature devient un fait de société mais aussi une nécessité vitale face aux changements climatiques. Nous ne voulons pas seulement préserver la nature en ville mais faire de Rezé une ville nature. Cette démarche implique la mise en place d’une gestion durable des écosystèmes, qui préserve la biodiversité, les sols et le sous-sol. Notre patrimoine végétal doit être protégé, comme l’est notre patrimoine bâti, car c’est un élément structurant de la ville. Dans cette perspective, nous travaillerons avec la métropole pour intégrer plus de végétal en pleine terre sur l’espace publique. Du végétal utile pour atténuer les nuisances sonores, produire de l’oxygène, de la fraicheur et bien sûr pour se nourrir avec les fruitiers. Au-delà du végétal, d’autres éléments du territoire  sont concernés: la faune et l’eau. Notre sous sol est riche en “sources”, ruisseaux souterrains… qu’il faut prendre compte. Une urbanisation non maîtrisée peut les déséquilibrer voir les faire disparaitre. Et c’est déjà le cas sur certains quartiers posant déjà des problèmes pour les riverains…

Nous maîtriserons notre développement : nous ne décidons pas directement du PLUM (Plan Local d’Urbanisme métropolitain) mais nous serons représentés à Nantes métropole. Nos élus communautaires défendront ce projet et interviendront pour une révision de certaines orientations, de certains aspects du règlement du document d’urbanisme sur notre territoire. Et n’oublions pas que la ville conserve ce qu’on appelle le droit des sols : les autorisations et permis sont toujours délivrés par la ville. Nous avons travaillé sur une charte paysagère, architecturale et écologique. Le but est de construire avec les services de la ville un outil à destination des maîtres d’ouvrage qui fixera, selon les quartiers et leurs caractéristiques, les règles à prendre en compte dans leur projet. Nous prendrons pour cela en compte les avis et réflexions des comités de quartiers. Concrètement, sur un terrain qui comporte des arbres fruitiers par exemple, il ne peut être question de les abattre : nous poserons comme prescription la nécessité de les hiverner en pépinières, pour les replanter, ou de faire du bouturage sur les arbres qui sont difficilement déplaçables.

 

Antoine : “Attention à l’urbanisation galopante, même s’il y a nécessité à construire des logements…”

Hugues – Pour un habitat plus écologique et plus solidaire

La résilience et la capacité d’adaptation des villes est un élément important d’un projet de développement durable. Sécheresses, inondations, élévation du niveau de la mer, cyclones, … Le réchauffement climatique se fait sentir sur notre planète de manière accrue, et notre territoire n’échappe pas à cette situation. Les conséquences négatives du développement ne sont plus à prouver. Il ne faut pas l’aggraver, et apprendre à mieux gérer la production de l’habitat.

Pour nous, le développement durable et la lutte contre la pauvreté ne peuvent être dissociés. Faciliter l’accès à un logement abordable pour les jeunes et les classes moyennes à proximité de leurs activités est dans l’intérêt de tous. Cela permet de réduire les déplacements longs et pendulaires, de diminuer les frais pour les familles en favorisant l’accessibilité au travail, aux services, aux loisirs de proximité. Le logement est un droit, il ne doit pas être une charge difficilement supportable.

D’ici à 2030, nous voulons assurer l’accès de tous à un logement décent, des services liés au quotidien adéquats et sûrs, à un coût abordable (y compris en fonctionnement), et établir un diagnostic sur les logements et locaux vacants, les besoins en logement d’urgence.

Nous voulons développer une plateforme locale info habitat regroupant les services habitat, droits des sols et conseil en architecture de la collectivité, ainsi que le service développement durable, pour accompagner les locataires et les propriétaires, faire le lien avec les propriétaires de logements vacants et travailler de concert. Il s’agira d’intervenir sur plusieurs thématiques : la rénovation thermique de l’habitat et le traitement de la précarité énergétique, les travaux pour l’autonomie de la personne dans son habitat, la lutte contre l’habitat indigne et très dégradé, le développement des liens intergénérationnels et de l’habitat partagé.

 

Antoine : “La place de la nature n’est pas au cœur des préoccupations, alors que c’est une denrée rare et que cela le sera bientôt encore plus…”

Benjamin – Une ville en transition

Pour les projets de construction, nous agirons sur le foncier pour raisonner son utilisation et éviter la spéculation. Nous pensons qu’il faut aller plus loin que ce que fait la métropole sur la dissociation entre le foncier et le bâti pour réduire les coûts de construction, et favoriser à la fois l’accession et des logements locatifs abordables. Il s’agit, à travers divers partenariats, de créer une structure (établissement foncier, coopérative) qui soit propriétaire des terrains qu’elle loue à un prix minimal à des propriétaires individuels ou à des sociétés publiques et privées. L’opération, sans le coût du foncier, permet de proposer de l’accession à la propriété ou du locatif à un prix raisonnable.

Pour réduire les charges collectives et individuelles, tout en préservant la planète, un de nos engagements forts est la gestion durable d’une ressource essentielle, l’eau. Nous souhaitons préserver un accès équitable et universel à l’eau. Au delà des engagements plus généraux, qui dépassent notre seule action, nous voulons améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution, en éliminant l’immersion de déchets et en réduisant au minimum les émissions de produits chimiques et de matières dangereuses. Il s’agit pour nous d’agir pour diminuer, dans un premier temps de moitié, la proportion d’eaux usées non traitées dirigées à l’égout. Nous favoriserons, pour les nouveaux projets et les réhabilitations, le recyclage et la réutilisation sans danger de l’eau : pour les chasse-d’eau par exemple, et pour l’arrosage, en travaillant sur la récupération les eaux de pluie.

On peut initier cela en étant exemplaire en ce qui concerne les bâtiments communaux et les espaces verts de la ville. Mais nous pouvons aussi agir aux moyens des prescriptions de la ville sur la délivrance des autorisations de travaux ou de constructions.

Au centre des défis majeurs du développement durable il y a aussi la transition énergétique …Elle doit s’accélérer pour répondre au défi climatique : cela passe à la fois par le déploiement massif des solutions disponibles, en particulier dans les domaines des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, ainsi que par la recherche systématique de nouvelles innovations.

Mais pour nous, il s’agit aussi de lutter contre la précarité énergétique. C’est un défi à la fois environnemental et sociétal. On sait aujourd’hui que pour les plus fragiles d’entre nous il est très difficile de faire face aux factures énergétiques et/ ou aux travaux à réaliser. Nous voulons garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable. Pour lutter contre le changement climatique bien sûr, mais aussi de développer les emplois, les logements, les connexions, la sécurité, la production de nourriture,…

L’accès de tous à une énergie durable est essentiel. Nous envisageons là encore de travailler sur le patrimoine de la ville et les prescriptions d’autorisations du sol, mais nous avons une ambition supplémentaire : atteindre l’autonomie énergétique. Très vite, nous souhaitons analyser l’opportunité d’une régie ou coopérative de production d’énergie.

 

À Sarah et Antoine, notre réponse : “Comment mobiliser les ressources pour permettre les
transitions ?”

Anaïs – Mobilisation des ressources

Les enjeux internes sont multiples pour accompagner notre projet, mais ils concernent essentiellement deux ressources importantes : les ressources humaines et les ressources financières. Les ressources humaines sont déjà mobilisées à Rezé. Il s’agira surtout de réunir, avec les services et directions, les conditions matérielles et les expertises pour répondre aux objectifs de notre projet.

Cela pourra passer par l’adaptation des métiers, la montée en expertise, la création de services liés aux nouveaux besoins ou nouveaux usages. Ce sont des challenges et des opportunités intéressantes pour les agents… Le principe d’adaptabilité (prévu au statut de la fonction publique) est tout à fait intégré par les agents de Rezé.

En revanche sur les ressources financières, asseoir les ressources des communes sur le foncier et non plus sur les locaux d’habitation impose inévitablement la nécessité de revoir les marges de manœuvre de la collectivité. Les critères et les outils de la péréquation, au niveau des dotations d’État mais aussi de la Métropole, devront également être revus. En attendant l’évaluation de la réforme fiscale prévue dans 3 ans, il est évidemment nécessaire de prévoir d’autres mesures.

Nous souhaitons que ces mesures soient neutres pour les Rezéens. Il n’est pas question d’envisager une augmentation des impôts et taxes. En revanche, pour nous, l’endettement n’est pas un frein, dans la mesure où il doit servir un objectif d’économie à terme. Une économie qui n’est pas seulement financière … Mais aussi de ressources. La notion de retour sur investissement doit intégrer l’ensemble de nos politiques publiques, et il est aussi lié aux effets environnementaux et sociaux de notre action.

La rénovation énergétique des bâtiments publics, la maîtrise des énergies en eau, en électricité etc… et la production d’énergie à termes sont autant d’éléments à prendre en compte et généreront des gains appréciables pour renforcer les autres actions.

Nous envisageons d’intégrer à notre gestion budgétaire un budget développement durable dédié, qui permette une visualisation des interactions et des effets de nos différentes politiques dans ce cadre. Cela nécessitera aussi de renforcer une vision plus prospective de nos finances. Nous initierons une mission d’ingénierie financière qui puisse se consacrer à la recherche et la mobilisation de toutes les aides qui existent au niveau international, européen et national en faveur de projets pour le nôtre.

Nous parlons ici d’investissements sur du moyen et long terme. Pour suivre ce retour sur investissement, il est important de produire des indicateurs d’évaluation et de suivre régulièrement notre capacité à reconstituer l’épargne nette.

L’aspect financier ne doit jamais être déconnecté de nos objectifs initiaux la qualité de vie et de transitions. Il faudra également intégrer les critères de bien-être de la population, au-delà des seuls objectifs économiques. En un certain sens, l’investissement attendu pour ce mandat pourrait s’avérer plus immatériel que matériel : du personnel social et/ou d’animation, des projets plus inclusifs, co-construits et de participation citoyenne, des modes de partage de biens communs, de transports, de missions d’intérêt général, un soutien plus soutenu aux associations,… Cette évolution des besoins exige un effort d’imagination de la part de nous tous, acteurs du territoire. C’est une formidable opportunité pour réaffirmer l’importance du rôle de l’élu local dans l’organisation du bien-être d’un territoire et de ses habitants.