Rezé Citoyenne en dialogue sur l'écologie politique à Rezé

L’écologie ne se réduit pas à la protection de l’environnement, elle est aussi politique et sociale. Avec le réchauffement climatique, elle est devenue un enjeu majeur. Julien Bouron, écologiste de terrain, revient sur son expérience de l’écologie politique et nous donne sa vision pour Rezé.
Julien Bouron

Entretien avec Julien Bouron, directeur d’une association ligérienne d’information et de sensibilisation à l’énergie et à l’environnement, ancien Conseiller municipal à Rezé (subdélégué à la transition énergétique de 2014 à avril 2019), membre d’EELV et co-fondateur de Rezé Citoyenne.

L’écologie doit être le cœur du projet politique avec une approche systémique et transversale

Prenons par exemple la transition énergétique domaine que je connais très bien : lorsqu’on veut agir  il n’est pas possible de séparer les questions d’écologie de celles de transition énergétique : c’est pourquoi il ne faut surtout pas les ranger dans des boîtes séparées, contenant chacune des actions et des compétences, car tout doit être absolument lié ! Or, lorsque j’étais conseiller municipal à Rezé, la transition énergétique s’est trouvé réduite à la seule question de la réduction de la consommation d’énergie des bâtiments municipaux. Bien sûr ce sujet n’est pas à prendre à la légère et la collectivité se doit d’être exemplaire en termes d’économies d’énergie. Cependant réduire la transition énergétique à un seul champ d’action c’est se focaliser sur l’arbre qui cache de la forêt de tout ce qui doit être entrepris. A mon grand regret à aucun moment une réflexion, un travail de fond, n’ont été prévus sur cette question pour structurer un plan d’action global.

À Rezé, les problèmes écologiques sont essentiellement ceux d’une ville : constats

D’abord nous sommes en milieu urbain avec son cortège de désagréments et notamment les pollutions que nous subissons au niveau de l’air, de l’eau, des sols, du bruit.  Ensuite nous sommes confrontés à l’absence d’autosuffisance en ressources énergétiques et alimentaires : nous sommes dépendants du milieu rural dont on ne s’occupe pas. On se targue d’être attractif mais en fait nous dépendons de territoires qui, eux,  sont jugés non attractifs. Cette posture est un vrai danger pour les zones urbaines dans les années à venir comme l’illustre récemment le COVID avec la peur des pénuries du début de la crise sanitaire. Ce qui a eu pour effet de voir des rayons de magasins alimentaires entièrement dévalisés.  Un autre danger à venir réside dans la gentrification du territoire : l’attractivité territoire a pour conséquence de repousser les limites de la Métropole pour les populations défavorisées ou de les cantonner dans des ghettos au sein de la ville. Cette gentrification en marche exacerbe les inégalités territoriales et sociales.

Comment agir sur les pollutions, l’absence d’autosuffisance alimentaire et énergétique et, la gentrification ?

Pour réduire les pollutions environnementales, il faut radicalement changer nos modes de vie. Et cela ne résume pas uniquement aux habitudes des gens. Nos modes de vie sont aussi le fruit des décisions politiques et de l’aménagement du territoire. Il faut que chacun fasse sa part, à son niveau comme le colibri. Mais on ne peut pas penser les transitions en réduisant nos actions uniquement à un public ou à une politique en particulier. Pour ce qui est de l’autosuffisance, nous devons avoir recours massivement à la rénovation des bâtiments, au développement de l’agriculture urbaine et à la relocalisation des emplois. Même si on sait qu’une ville comme Rezé ne pourra jamais être totalement autosuffisante, il n’en reste pas moins que nous avons une marge de progression énorme.  Quant à la gentrification , il faut avoir une approche réaliste mais néanmoins radicale du développement urbain, c’est-à-dire densifier la ville sans artificialiser un seul mètre carré. Comment ? En reconstruisant la ville sur elle-même, là où c’est possible et souhaitable. Bien sûr, dans le même temps, le réseau des transports en commun doit aussi être densifié.

La première chose à faire à Rezé ?

Pour moi c’est une évidence : j’instaurerai la « piétonisation » de certaines zones et principalement celle située au bas de la rue Aristide Briand, en incluant la place Pierre Sémard. Mon objectif est simple : offrir aux rezén-ne-s un vrai centre, agréable à vivre, permettant de se regrouper comme sur la place d’un village. Un endroit avec des terrasses pour manger, où les enfants peuvent jouer.

Pourquoi soutenir Rezé Citoyenne ?

Je suis l’un de ses fondateurs, mon soutien est donc naturel. Mais au-delà de mon appartenance, lorsque j’ai contribué à la création de Rezé Citoyenne, j’étais mû par le besoin de renouveler la pratique politique, et par ce biais d’intégrer l’écologie et la transition énergétique au cœur du projet municipal.

Quand je regarde le programme que nous proposons aujourd’hui, je suis heureux de voir que les choses vont dans le bon sens.

Bien sûr nous n’aurons pas assez de 6 ans pour mener à bien toutes les transitions mais la voie choisie pour y arriver est la bonne, dans ce que nous imposent les urgences climatiques et sociales. En politique, je suis pragmatique donc je suis conscient qu’une mairie ne peut pas tout faire avec ses moyens et compétences. Mais si déjà elle fait sa part, c’est très bien. Ce qui n’était pas le cas du précédent municipe.